• Mgr A. Lacrampe, archevêque de Besançon : Solidarité et Charité

    Mgr A. Lacrampe, archevêque de Besançon : Solidarité et Charité

    La charité n’est pas qu’une conséquence de la foi, de notre relation à Dieu. D’une certaine façon, la charité est notre relation à Dieu. La charité ne consiste pas à donner ce qu’on a mais à donner ce qu’on est. 

    « J’avoue que, pour certains catholiques, il est difficile d’utiliser le mot « charité », à cause des connotations que ce mot a dans la langue française actuelle. Ce mot qui incarne l’essence même du Christianisme est, en effet, considérablement dévalué. Il est devenu synonyme d’attitude hautaine et paternaliste. Bien souvent, il ne signifie qu’une minable aumône, tellement offensante pour le bénéficiaire que celui-ci en appelle à la justice contre la charité. Une telle signification n’a rien à voir avec la charité dont parle le Nouveau Testament et qui est au cœur du message de Jésus. Avec la Foi et l’Espérance, la Charité est au cœur de la théologie et de la vie chrétienne. Aucun chrétien ne peut s’en affranchir ou la déléguer. « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Cor. 13, 13). Je suis souvent conduit à réhabiliter ce mot de la charité et à susciter une réflexion sur « Charité et Solidarité ». Certes, charité et solidarité sont liées. Elles ne se découpent pas. Je pourrais citer ici Monseigneur Jean Rodhain qui disait voici 50 ans : « La charité n’est ni périmée, ni anachronique. Certains ont pu le croire, un instant, devant les progrès du monde. Mais la charité ne passe pas. Il n’y a pas absence de charité. Il y a méconnaissance de son nom, de sa notion, de sa place. Il faut réhabiliter ». La solidarité s’exerce habituellement au nom de la fraternité ; parce que nous sommes tous des frères humains, nous avons le devoir de venir en aide à nos semblables qui souffrent et vivent des situations difficiles. La solidarité est donc juste et bonne.  Mais la charité va encore plus loin. Elle ne doit pas être confondue avec une sorte d’assistance. Elle porte en elle une autre dimension. La charité n’est pas qu’une conséquence de la foi, de notre relation à Dieu. D’une certaine façon, la charité est notre relation à Dieu. L’Ecriture est claire à ce sujet : « Si quelqu’un dit « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). En la présence de l’autre et plus spécialement du plus pauvre, nous sommes appelés à reconnaître et à aimer le Christ. Qu’est-ce qui différencie la charité de la solidarité ? Par solidarité, on va rarement jusqu’à donner sa vie. La charité ne consiste pas à donner ce qu’on a mais à donner ce qu’on est, c’est-à-dire à toute son attention, son temps, sa patience afin de mettre debout celui qu’on aide en le faisant artisan de son propre développement. Les chrétiens n’ont pas le monopole de l’amour, mais nous savons au Nom de qui nous aimons et dans quelle fin : manifester et étendre le Royaume de Dieu sur terre ».

    (Source : « Introduction à la journée », dans Diocèse de Strasbourg, Journée des acteurs diocésains de la solidarité (Huttenheim). Textes et documents, 1997, p. 7-8). 


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